High School

Philadelphie, 1968. Dans un lycée public de bonne réputation, dont les élèves sont majoritairement blancs et issus de la classe moyenne, se déroule ce qui ressemble à une journée ordinaire. Les cours de langue ou d'histoire s'enchaînent rapidement, ainsi que les entretiens entre élèves, enseignants, parents et membres de l'administration à propos du comportement et des résultats des lycéens. Ces derniers sont chaque fois sommés d'écouter, de répéter et d'obéir. Puis, ce sont les activités culturelles et sportives qui se succèdent (gymnastique, baseball, cuisine, couture…), pour lesquelles garçons et filles sont généralement séparés. Le rythme est soutenu et ne laisse pas de temps aux jeunes pour se retrouver de façon informelle. Au sein de cet ordre hiérarchique, des dissensions se font toutefois sentir, sous la forme de conflits entre élèves, de critiques directes de l'institution ou d'inquiétudes sur l'avenir. C'est aussi l'évocation ponctuelle d'une actualité politique brûlante – la guerre du Viêt Nam et l'assassinat de Martin Luther King – qui vient troubler le huis clos de la Northeast High School.
La caméra de Wiseman circule en toute liberté, surprenant un regard, un geste, une conversation, une altercation. "Nous sommes là pour faire de vous un homme capable de recevoir des ordres !" répète à un élève le surveillant général. Car le point le plus important semble bien être celui de la discipline : il semble que les élèves doivent, avant toute autre chose, apprendre à obéir "sans hésitation, ni murmure", selon la formule militaire. La question la plus inquiétante que High School pose au spectateur est celle-ci : "Combien d’enseignants et d’administrateurs de notre pays, regardant ce film, n’y verront rien d’anormal ?""
Philippe Pilard